Noël au Gabon : quand les cadeaux révèlent nos liens sociaux et familiaux
Les festivités de Noël touchent à leur fin au Gabon, laissant derrière elles les traditionnels échanges de présents sous le sapin. Si cette coutume occidentale s'est progressivement ancrée dans nos foyers gabonais, elle révèle parfois des tensions familiales et sociales que la psychologie moderne nous aide à décrypter.
La déception, un révélateur de nos attentes
Dans nos familles gabonaises, l'ouverture des cadeaux demeure un moment chargé d'émotions. Pourtant, la déception n'épargne personne. "Il est trop volumineux, comment vais-je le transporter" ou "C'est encore un pagne traditionnel", autant de réflexions qui trahissent notre difficulté à accueillir l'imprévu.
Selon Sarah Serievic, psychothérapeute spécialisée en psychodrame, "c'est bien notre capacité à recevoir, au-delà de l'objet en lui-même, qui est en jeu". Cette observation prend une résonance particulière dans notre contexte gabonais, où les traditions d'hospitalité et de générosité constituent des piliers culturels ancestraux.
L'estime de soi mise à l'épreuve
Plus troublant encore, certains Gabonais peuvent ressentir une forme de dévalorisation face à un cadeau jugé insuffisant. Cette réaction révèle souvent des blessures plus profondes. "Plus que l'objet en lui-même, un cadeau nous renvoie à l'amour que l'on a de soi-même", explique la spécialiste.
L'art-thérapeute Lydia Rozenberg précise que "dans l'enfance, quand on n'a pas reçu ce qu'on pensait devoir recevoir, le sentiment de ne pas valoir davantage perdure". Une analyse qui interpelle dans une société gabonaise en mutation, où les repères familiaux traditionnels se transforment.
Quand le cadeau devient instrument de conflit
Certains présents peuvent également servir d'armes dans les querelles familiales. L'exemple d'une bande dessinée sur "comment trouver son conjoint" offerte à une célibataire illustre ces pratiques blessantes qui n'épargnent pas nos foyers.
"Recevoir nous prive d'une liberté, celle de dire je n'aime pas", souligne Lydia Rozenberg. Face à de telles situations, les experts recommandent d'aborder le sujet une fois les festivités passées, dans un dialogue respectueux mais franc.
La tendance des chèques-cadeaux en question
L'émergence des chèques-cadeaux dans nos pratiques commerciales gabonaises soulève également des interrogations. Si cette solution peut paraître pratique, elle révèle parfois "une paresse ou un manque d'investissement affectif" selon Sarah Serievic.
Cette réflexion résonne particulièrement dans notre contexte où les valeurs de partage et d'attention personnelle demeurent centrales dans nos relations sociales et familiales.
Retrouver l'essence du don
Au-delà des déceptions et des malentendus, ces spécialistes nous invitent à redécouvrir la véritable essence du cadeau : un geste d'amour et de reconnaissance mutuelle. Dans notre société gabonaise, où les liens communautaires restent forts malgré les évolutions contemporaines, cette leçon garde toute sa pertinence.
L'important n'est peut-être pas tant la valeur matérielle du présent que l'intention qui l'accompagne et notre capacité à l'accueillir avec bienveillance.