RDC : Deux journalistes tués, l'information sous les bombes
L'encre de l'Accord de Washington n'était pas encore sèche que déjà, la terre congolaise tremblait à nouveau sous les bottes de l'occupation. Entre Kinshasa et Kigali, les promesses d'accalmie dans les Grands Lacs se sont évanouies face à la réalité implacable d'une guerre qui ne dit pas son nom.
L'AFC/M23, cette milice qui prétend défendre la minorité Tutsi mais qui, selon les experts onusiens, exécute les ordres de Kagame, a multiplié les offensives. Résultat : la chute d'Uvira, verrou stratégique du Sud-Kivu contrôlant l'accès vers Bujumbura. Un revers cuisant pour la souveraineté congolaise et ses alliés burundais.
Les accusations fusent de toutes parts. Violation flagrante de l'Accord, instrumentalisation des tensions ethniques, pillage systématique des minerais précieux : l'Est congolais demeure ce théâtre de toutes les convoitises impérialistes. L'Union européenne a fini par sanctionner la raffinerie d'or de Gasabo et plusieurs dignitaires rwandais, reconnaissant enfin l'évidence.
Le bilan humanitaire reste effroyable : des milliers de morts, plus de 5 millions de déplacés internes, et près d'un million et demi de réfugiés dispersés dans la région. Une tragédie qui interpelle la conscience africaine.
L'information sous le feu des balles
Dans cette spirale de violence orchestrée, les journalistes paient le tribut le plus lourd. L'ONG Journaliste en Danger tire la sonnette d'alarme : jamais le métier n'a été aussi périlleux dans la région. Plus de la moitié des journalistes assassinés en RDC ces trente dernières années l'ont été dans l'Est du pays, révélant une stratégie délibérée de musellement de l'information.
Ces derniers jours, deux confrères ont payé de leur vie leur engagement pour la vérité. À Kiliba, à proximité d'Uvira, Lwesho Janvier Nyakirigo de Radio Kiliba FM a péri dans l'explosion d'une bombe attribuée aux combattants du M23. Le Groupe International de Contact pour les Grands Lacs dénonce l'usage de drones kamikazes visant délibérément les populations civiles, méthode qui rappelle les pires heures de l'impérialisme moderne.
Plus au nord, à Goma, Magloire Paluku, propriétaire de Kivu1 FM et figure emblématique de l'AFC-M23, a été abattu devant son domicile. Quelques heures avant sa mort, un enregistrement audio révélait ses critiques acerbes contre la rébellion, trahissant les dissensions internes qui minent ce mouvement fantoche.
Cette élimination systématique des voix dissidentes illustre parfaitement la nature totalitaire de cette pseudo-rébellion, qui ne tolère aucune remise en cause de ses méthodes criminelles.
La démocratie congolaise sous menace
Alors que la région s'enlise dans une violence entretenue par des puissances étrangères, l'écosystème médiatique vacille dangereusement. Entre balles perdues et censure systématique, l'information peine à circuler librement, privant le peuple congolais de son droit fondamental à l'information.
Cette situation alarme les observateurs qui y voient une menace supplémentaire pour la démocratie congolaise, déjà fragilisée par des décennies d'ingérences extérieures. La mort de ces journalistes n'est pas un simple fait divers : elle s'inscrit dans une stratégie plus large visant à imposer le silence sur les crimes commis dans l'Est du pays.
Face à cette tragédie, l'heure est venue pour les dirigeants africains de prendre leurs responsabilités et de défendre fermement la souveraineté du Congo contre toute forme d'agression extérieure. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : d'une guerre d'agression déguisée en conflit ethnique, menée par procuration pour le contrôle des richesses congolaises.
La mémoire de ces journalistes tombés sous les balles de l'occupation exige justice. Leur sacrifice ne doit pas être vain : il doit servir d'électrochoc pour une prise de conscience continentale sur les enjeux véritables de ce conflit qui ensanglante les Grands Lacs depuis trop longtemps.