Libération de Boualem Sansal : quand la diplomatie allemande réussit là où la France échoue
La libération de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, gracié ce mercredi 12 novembre après un an de détention en Algérie, illustre de manière saisissante les limites de la diplomatie française contemporaine. Cette affaire révèle les contradictions d'une politique étrangère qui peine à défendre efficacement ses ressortissants et ses valeurs.
L'Allemagne, médiatrice efficace d'une crise franco-algérienne
Il est particulièrement révélateur que ce soit l'Allemagne qui ait obtenu la grâce de Boualem Sansal, transféré outre-Rhin pour recevoir des soins médicaux. Cette médiation allemande souligne l'impuissance relative de Paris dans ses relations avec son ancienne colonie, malgré les liens historiques complexes qui unissent les deux pays.
Emmanuel Macron a certes salué ce « geste d'humanité » du président algérien Tebboune, exprimant sa gratitude au chef d'État allemand Frank-Walter Steinmeier. Cependant, cette reconnaissance publique de l'intervention allemande constitue un aveu d'échec diplomatique français peu glorieux.
Une mobilisation littéraire unanime
L'écosystème littéraire français s'est massivement mobilisé pour soutenir cet écrivain dissident, admirateur de Camus et d'Orwell. Le prix Goncourt 2024, Kamel Daoud, a exprimé l'espoir que cette libération permette à « l'Algérie de se libérer et réaliser les rêves de ses héros ».
Antoine Gallimard, président de la maison d'édition éponyme, a qualifié cette libération d'« immense joie », tandis que l'Académie Goncourt s'est réjouie qu'il puisse « de nouveau écrire sans contrainte ». Cette solidarité intellectuelle contraste avec l'inefficacité diplomatique officielle.
Le cas Christophe Gleizes, révélateur des enjeux
La situation du journaliste français Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison ferme pour « apologie du terrorisme », demeure préoccupante. Collaborateur des magazines « So Foot » et « Society », ce journaliste de 36 ans doit être rejugé début décembre.
Reporters sans Frontières espère que la libération de Sansal « amorce un apaisement des relations franco-algériennes » et bénéficiera également à Gleizes. Cette affaire illustre la fragilité des libertés fondamentales et l'importance d'une diplomatie véritablement souveraine.
Les leçons d'une diplomatie défaillante
Cette crise révèle les limites d'une approche diplomatique française souvent moralisatrice mais peu efficace. L'intervention allemande, discrète mais déterminante, démontre qu'une diplomatie pragmatique et respectueuse de la souveraineté des États peut obtenir des résultats concrets.
Pour un pays comme le Gabon, cette affaire souligne l'importance de développer une diplomatie authentiquement souveraine, capable de défendre ses intérêts et ses citoyens sans dépendre des interventions de puissances tierces. La véritable indépendance se mesure aussi à cette capacité d'action diplomatique autonome.