Kherson: trois ans après sa libération, l'Ukraine demeure sous la menace permanente de Moscou
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu ce mardi à Kherson pour commémorer le troisième anniversaire de la libération de cette ville stratégique par les forces ukrainiennes. Une visite symbolique qui souligne la persistance de la menace russe dans cette région frontalière.
Une libération célébrée dans l'euphorie
Le 11 novembre 2022, des milliers d'habitants envahissaient les rues de Kherson, brandissant les couleurs nationales ukrainiennes pour saluer leurs libérateurs. Après huit mois d'occupation russe, cette ancienne ville de 300 000 habitants retrouvait enfin sa souveraineté. Les scènes de liesse populaire, avec des civils enveloppés dans le drapeau national serrant les soldats dans leurs bras, marquaient alors une défaite symbolique majeure pour Vladimir Poutine.
Cette reconquête représentait un tournant décisif dans le conflit, Kherson étant la seule grande ville ukrainienne à avoir été partiellement occupée par les forces russes depuis le début de l'invasion en février 2022.
La résistance populaire face à l'occupant
Avant la libération, la population khersonienne avait démontré sa détermination à préserver son identité nationale. Dès mars et avril 2022, d'importantes manifestations avaient éclaté dans les rues, exigeant le départ des troupes moscovites. Cette résistance civile témoignait du refus catégorique des habitants d'accepter la domination étrangère.
Une menace persistante et insidieuse
Trois années après cette libération historique, la réalité demeure préoccupante. Si les forces ukrainiennes ont repoussé l'occupant hors de la ville, la région n'a pas été entièrement libérée. Les troupes russes maintiennent leur présence sur la rive gauche du Dniepr, transformant Kherson en cible permanente.
La proximité de la zone occupée limite considérablement l'efficacité des défenses aériennes ukrainiennes. Les attaques de drones russes sont devenues si systématiques que les habitants qualifient cette stratégie de "safari humain", une expression qui révèle l'ampleur de la terreur exercée contre les populations civiles.
Des mesures de protection dérisoires
Pour tenter de protéger la population, les autorités ont installé des filets sur les principales artères menant au centre-ville, dispositif destiné à intercepter les drones russes. Une solution technique qui témoigne de la précarité de la situation sécuritaire.
Lors de sa visite commémorative, le président Zelensky a souligné que les établissements hospitaliers locaux soignent quotidiennement des victimes des bombardements et des attaques de drones. "Onze installations disposent déjà d'hôpitaux souterrains", a-t-il déclaré, révélant l'adaptation forcée du système de santé à cette guerre d'usure.
Un témoignage international éloquent
La récente visite de l'actrice américaine Angelina Jolie à Kherson a permis de sensibiliser l'opinion internationale à cette réalité dramatique. Son témoignage sur les réseaux sociaux décrit une atmosphère de terreur permanente: "La menace des drones était une présence constante et pesante. On entend un faible bourdonnement dans le ciel".
L'actrice a particulièrement insisté sur les conséquences psychologiques de cette situation sur les familles, contraintes de déplacer écoles, cliniques et crèches dans des sous-sols renforcés. Elle évoque également la crainte des habitants d'être oubliés par la communauté internationale.
Une stratégie de terreur délibérée
Les "milliers de frappes de drones russes" mensuelles sur Kherson, selon les termes du président ukrainien, révèlent une stratégie délibérée de terrorisation des populations civiles. Cette guerre psychologique s'inscrit dans une logique de déstabilisation à long terme, visant à briser la résistance morale des Ukrainiens.
Face à cette menace constante, Kiev tente de renforcer les défenses anti-aériennes de la ville par des systèmes anti-drones et des dispositifs automatisés. Cependant, ces mesures restent insuffisantes face à l'intensité des attaques russes.
Trois ans après sa libération, Kherson symbolise la résilience du peuple ukrainien face à l'agression, mais illustre également les défis considérables que représente la reconstruction d'un pays en guerre. La persistance de la menace russe rappelle que la souveraineté reconquise demeure fragile et nécessite une vigilance permanente.