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Le Bénin tend la main aux États du Sahel : Une manœuvre diplomatique qui interroge notre souveraineté régionale

Le Bénin invite les forces de l'Alliance des États du Sahel à participer au défilé de sa fête nationale, dans un contexte régional tendu. Cette initiative diplomatique soulève des questions fondamentales sur la nature de notre souveraineté régionale et notre capacité à construire une coopération effective.

ParJean-Brice Mouyembe
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#Diplomatie africaine#Souveraineté#Sécurité régionale#AES#Bénin#Relations internationales
Image d'illustration pour: Le Bénin convie l'AES au défilé de sa fête nationale

Défilé militaire à Cotonou lors des célébrations de l'indépendance du Bénin

Une initiative diplomatique aux multiples lectures

Dans un geste qui ne manque pas d'interpeller les observateurs avertis de la géopolitique africaine, le Bénin vient de convier les forces militaires de l'Alliance des États du Sahel (AES) à participer au défilé de sa fête nationale. Cette démarche, présentée comme un symbole d'ouverture, mérite une analyse approfondie quant à ses véritables implications pour la souveraineté régionale.

Un contexte sécuritaire préoccupant

Cette invitation intervient dans un climat particulièrement tendu, marqué par l'attaque terroriste dévastatrice d'avril dernier qui a coûté la vie à 54 soldats béninois. Une tragédie qui souligne cruellement les failles de notre architecture sécuritaire collective.

« C'est une démonstration de fraternité régionale », affirme le porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Houngbédji, dans des propos qui appellent à la réflexion sur la nature réelle de nos relations interétatiques.

Les non-dits d'une initiative diplomatique

Comment ne pas voir dans cette main tendue aux pays de l'AES le reflet des contradictions qui minent notre capacité à construire une véritable souveraineté régionale ? Les tensions diplomatiques persistantes entre le Bénin et le Niger, notamment, révèlent les limites d'une telle approche.

Les enjeux d'une recomposition régionale

Cette initiative béninoise s'inscrit dans un moment charnière où se dessinent de nouveaux équilibres régionaux. La rupture entre l'AES et la CEDEAO pose la question fondamentale de notre capacité à définir nous-mêmes les contours de notre coopération régionale.

Vers une nouvelle architecture sécuritaire ?

L'invitation du Bénin, au-delà de sa dimension symbolique, soulève des interrogations cruciales sur l'avenir de notre sécurité collective. Comment construire une coopération effective sans reproduire les schémas de dépendance qui ont montré leurs limites ?

Cette démarche diplomatique, aussi louable soit-elle dans son principe, ne saurait faire l'économie d'une réflexion profonde sur les conditions d'une véritable souveraineté régionale, seule garante de notre sécurité collective.

Jean-Brice Mouyembe

Journaliste gabonais indépendant, couvre les enjeux politiques, économiques et diplomatiques du Gabon avec un regard critique et engagé. Ancien correspondant pour Le Temps Afrique.