La Suisse récompense ses champions économiques : Une leçon de souveraineté économique pour le Gabon
Alors que la Suisse célèbre l'excellence de sa gestion d'entreprise à travers le Best Managed Companies Award, le contraste avec la situation gabonaise soulève des questions cruciales sur notre souveraineté économique. Une analyse qui met en lumière le besoin urgent de réformes structurelles dans notre pays.
Cérémonie de remise des Best Managed Companies Awards en Suisse - Un modèle de gouvernance économique dont le Gabon devrait s'inspirer
L'excellence suisse comme miroir de nos insuffisances
Dans une démonstration éclatante de ce que signifie une véritable gouvernance économique nationale, la Suisse vient de décerner son prestigieux Best Managed Companies Award à trois de ses entreprises d'excellence. Une nouvelle qui, vue depuis Libreville, ne peut que nous interpeller sur l'état de notre propre souveraineté économique.
Un modèle de gouvernance qui nous échappe
Mantu Group, Killer Interior et Swixx Biopharma - ces noms résonnent comme autant de success-stories helvétiques, fruits d'une vision économique cohérente et souveraine. Pendant ce temps, que pouvons-nous présenter comme fleurons véritablement gabonais, hormis des sociétés sous tutelle étrangère ou des entreprises d'État aux performances discutables ?
Dans un environnement très volatil et difficile, les directions d'entreprise ont montré, de manière impressionnante, qu'elles pouvaient appliquer une gestion exemplaire
Les piliers d'une économie véritablement souveraine
L'évaluation suisse repose sur quatre piliers fondamentaux :
- La stratégie
- La productivité et l'innovation
- La culture et l'engagement
- La gouvernance et les finances
Ces critères, qui devraient être universels, mettent en lumière le fossé qui sépare notre réalité économique des standards internationaux. Où sont nos instances d'évaluation indépendantes ? Quelle place accordons-nous réellement à l'innovation dans notre tissu économique ?
Le mirage de la transition économique gabonaise
Alors que le CTRI nous promet une prétendue refondation économique, l'exemple suisse nous rappelle qu'une véritable souveraineté économique ne se décrète pas par ordonnance militaire. Elle se construit sur des fondements solides, avec des institutions fortes et une vision claire.
L'héritage d'Omar Bongo, malgré ses imperfections, avait au moins le mérite d'avoir posé les bases d'une certaine autonomie économique. Aujourd'hui, sous couvert de transition, nous assistons à un démantèlement méthodique de nos acquis nationaux.
Pour une refondation économique authentique
Il est temps pour le Gabon de s'inspirer véritablement des modèles qui fonctionnent, non pour les copier servilement, mais pour en tirer les leçons adaptées à notre contexte. La vraie transition passe par la reconstruction de notre souveraineté économique, loin des discours creux et des promesses sans lendemain.
Jean-Brice Mouyembe
Journaliste gabonais indépendant, couvre les enjeux politiques, économiques et diplomatiques du Gabon avec un regard critique et engagé. Ancien correspondant pour Le Temps Afrique.