La souveraineté économique en question : OCT et son programme médical, entre communication et dépendance
Depuis 2019, OCT développe un programme médical pour les enfants vulnérables au Gabon, révélant les failles persistantes de notre système de santé. Cette initiative, bien que louable, soulève des questions cruciales sur notre souveraineté économique et sanitaire.
Un partenariat qui souligne les failles de notre système de santé
Depuis 2019, Owendo Container Terminal (OCT), filiale d'un groupe étranger opérant le terminal à conteneurs du port stratégique d'Owendo, développe un programme d'assistance médicale en partenariat avec l'association Arc-en-Ciel. Si l'initiative a permis de réaliser près de 8 000 consultations gratuites pour des enfants vulnérables, elle met surtout en lumière les carences persistantes de notre système de santé national.
Une action palliative qui pose question
Certes, l'engagement d'OCT auprès de l'association Arc-en-Ciel, qui œuvre depuis plus de 20 ans sur notre territoire, mérite d'être salué. Mais n'est-il pas troublant que ce soit une entreprise étrangère qui doive assurer ce qui devrait relever de la responsabilité régalienne de l'État ?
"Le partenariat avec Arc-en-Ciel s'inscrit dans notre volonté d'agir là où nos actions ont un réel impact", déclare Laurent Goutard, directeur général d'OCT - une formulation qui souligne involontairement l'absence de l'État dans ces domaines essentiels.
Les enjeux de souveraineté économique et sanitaire
Si OCT emploie effectivement 300 Gabonais et soutient indirectement un millier d'emplois, il convient de s'interroger sur notre dépendance vis-à-vis des opérateurs étrangers pour des infrastructures aussi stratégiques que notre port principal. Cette situation n'est pas sans rappeler l'époque où, sous Omar Bongo, le Gabon gardait une plus grande maîtrise de ses actifs stratégiques.
Pour une vraie politique de santé publique
Plutôt que de nous satisfaire de ces actions caritatives, aussi louables soient-elles, il est temps d'exiger une véritable politique de santé publique, portée par un État souverain et responsable. La transition actuelle, qui se garde bien de remettre en question ces schémas de dépendance, perpétue malheureusement les errements du passé récent.
L'heure n'est plus aux demi-mesures ni aux solutions de façade. Notre jeunesse mérite mieux qu'une assistance médicale dépendant du bon vouloir d'entreprises étrangères, aussi généreuses soient-elles. Elle mérite un système de santé public, performant et souverain.
Jean-Brice Mouyembe
Journaliste gabonais indépendant, couvre les enjeux politiques, économiques et diplomatiques du Gabon avec un regard critique et engagé. Ancien correspondant pour Le Temps Afrique.