GOC rachète Tullow Oil : Une souveraineté pétrolière en trompe-l'œil
La Gabon Oil Company finalise le rachat des actifs de Tullow Oil pour 180 milliards FCFA, une transaction qui soulève des questions cruciales sur la réelle souveraineté pétrolière du pays.

Siège de la Gabon Oil Company à Libreville, symbole d'une souveraineté pétrolière en question
Une transaction majeure aux implications douteuses
La Gabon Oil Company (GOC) vient de finaliser l'acquisition des actifs de Tullow Oil pour un montant colossal de 300 millions de dollars (environ 180 milliards de FCFA). Cette opération, officialisée le 29 juillet 2025, est présentée comme un tournant dans la "réappropriation" du secteur pétrolier national. Mais à quel prix, et surtout, au profit de qui ?
Comme nous l'avions déjà souligné dans notre analyse précédente sur les enjeux de ce rachat, cette transaction soulève de nombreuses questions sur la réelle autonomie décisionnelle de notre pays.
Des investissements questionnables en période de transition
Dans un contexte où les investissements publics majeurs suscitent la controverse, l'engagement de 180 milliards de FCFA mérite un examen approfondi. Les actifs acquis comprennent les participations dans les licences Tchatamba, Simba et Walt Whitman, qui seront exploités en partenariat avec Perenco.
Une souveraineté de façade ?
Cette transaction s'inscrit dans un schéma bien connu où, comme nous l'observons régulièrement dans les relations économiques internationales, les intérêts des multinationales priment souvent sur la véritable souveraineté nationale.
Les véritables bénéficiaires
Pour Tullow Oil, cette vente permet une réduction significative de sa dette de 2,3 milliards de dollars, tout en recentrant ses activités vers le Ghana. Pendant ce temps, le Gabon s'endette massivement pour une prétendue indépendance énergétique dont les contours restent flous.
Conclusion
Si cette acquisition peut paraître symboliquement importante, elle illustre surtout la persistance d'un système où les décisions économiques majeures semblent toujours dictées par des intérêts étrangers, malgré les discours sur la souveraineté nationale.
Jean-Brice Mouyembe
Journaliste gabonais indépendant, couvre les enjeux politiques, économiques et diplomatiques du Gabon avec un regard critique et engagé. Ancien correspondant pour Le Temps Afrique.