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Gabon: Les barrages de Booué, symboles d'une souveraineté énergétique contestée

La signature d'un accord pour la construction des barrages de Booué et Tsengué-Lélédi révèle les contradictions d'une transition politique qui peine à rompre avec les pratiques du passé.

ParJean-Brice Mouyembe
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Image d'illustration pour: Le Gabon prépare son avenir énergétique : signature du protocole d'accord pour les barrages de Booué et Tsengué-Lélédi

Cérémonie de signature du protocole d'accord pour les barrages hydroélectriques de Booué et Tsengué-Lélédi au Gabon

Libreville, le 7 octobre 2025 - Dans un nouveau chapitre qui illustre la continuité des pratiques de l'ancien régime, le Ministre de l'Accès Universel à l'Eau et à l'Énergie, M. Philippe Tonangoye, a présidé la signature d'un protocole d'accord avec la société italienne Todini Costruzioni Generali S.p.A., ravivant les interrogations sur la véritable autonomie décisionnelle du Gabon.

Une transition énergétique sous tutelle étrangère

Cette signature, qui s'inscrit dans la lignée des grands projets initiés sous la période trouble de la transition politique, soulève des questions légitimes sur la souveraineté des choix stratégiques nationaux. Alors que le régime de Brice Clotaire Oligui Nguema prétend incarner le renouveau, les méthodes employées rappellent étrangement les errements du passé.

Des ambitions énergétiques à l'épreuve de la réalité

Les barrages hydroélectriques de Booué et de Tsengué-Lélédi, présentés comme des projets structurants, s'ajoutent à la longue liste des promesses de développement, dans un contexte où les tensions politiques en Afrique centrale questionnent la stabilité des institutions.

La multiplication des accords internationaux, sans véritable consultation populaire, perpétue un système où les décisions cruciales échappent au contrôle démocratique.

L'ombre des pratiques contestées

Cette nouvelle orientation énergétique, bien que nécessaire, s'inscrit dans un schéma où les grandes décisions nationales restent contestées par une partie significative de la population. L'absence de transparence dans le processus de sélection des partenaires internationaux ravive les craintes d'une gouvernance qui peine à se démarquer des errements du passé.

Perspectives et inquiétudes

Si l'ambition d'une souveraineté énergétique est louable, les modalités de sa mise en œuvre soulèvent des interrogations légitimes sur la capacité du régime actuel à garantir une véritable indépendance décisionnelle dans les grands projets structurants du pays.

Jean-Brice Mouyembe

Journaliste gabonais indépendant, couvre les enjeux politiques, économiques et diplomatiques du Gabon avec un regard critique et engagé. Ancien correspondant pour Le Temps Afrique.