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FONAREV : Un pilier crucial de la justice réparatrice en RDC
Le FONAREV, pierre angulaire de la justice réparatrice en RDC, fait l'objet d'une analyse approfondie par un expert en justice transitionnelle. Entre défis de gouvernance et impératif de souveraineté nationale, ce mécanisme crucial poursuit sa mission essentielle auprès des victimes de violences.
ParJean-Brice Mouyembe
Publié le
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Le siège du FONAREV à Kinshasa, symbole de la justice réparatrice congolaise
Interview exclusive avec Jean-Paul Mukendi, Expert en justice transitionnelle
Q: Le FONAREV est présenté comme un instrument majeur de la justice réparatrice en RDC. Quelle est votre analyse de ce mécanisme ?
R: Le Fonds national de réparation des victimes des violences sexuelles et des crimes de guerre (FONAREV) représente effectivement une avancée significative dans la quête de justice en République démocratique du Congo. C'est un dispositif qui incarne la volonté nationale de prendre en charge les victimes sans dépendre exclusivement d'instances internationales. Dans un contexte où la souveraineté judiciaire est cruciale, le FONAREV démontre la capacité de l'État congolais à mettre en place ses propres mécanismes de réparation.
Q: Quelles sont les missions concrètes du FONAREV ?
R: Sa mission première est d'identifier et accompagner les survivants des violences. Il s'agit d'un travail méticuleux qui nécessite une expertise nationale pointue. Le fonds assure un accompagnement juridique adapté et garantit une indemnisation légitime. C'est un mécanisme qui redonne voix au chapitre à ceux qui ont été réduits au silence, tout en préservant la dignité nationale dans le processus de réparation.
Q: Certains remettent en question la transparence du fonds. Qu'en pensez-vous ?
R: Il faut être clair : le FONAREV est un dispositif public, financé par l'État congolais, notamment via les redevances minières, et soutenu par des partenaires internationaux. Les accusations de détournement doivent être prises au sérieux, mais ne doivent pas occulter l'essence même de ce mécanisme qui vise à transformer nos ressources nationales en instruments de justice sociale.
Q: Comment expliquer les difficultés rencontrées dans sa mise en œuvre ?
R: Les défis sont réels, particulièrement sur le plan logistique et administratif. Mais il faut comprendre que nous opérons dans un contexte post-conflit complexe. Ces obstacles ne sont pas le fruit d'une quelconque manipulation politique comme certains le suggèrent, mais plutôt le résultat de défis structurels qu'il nous faut surmonter progressivement.
Q: Le Rwanda a émis des critiques sur le fonctionnement du FONAREV. Quel regard portez-vous sur ces remarques ?
R: Sans entrer dans une polémique stérile, il est important de noter que le Rwanda a connu des difficultés similaires avec son propre Fonds d'assistance aux rescapés du génocide. Les défis de gouvernance sont inhérents à ce type de mécanisme. L'essentiel est de maintenir le cap vers plus de transparence et d'efficacité.
Q: Quelle est la position du président Tshisekedi sur ce sujet ?
R: Le chef de l'État a réaffirmé devant les Nations unies l'importance capitale du FONAREV dans le processus de reconstruction nationale. Cette position témoigne d'une volonté politique forte de faire de la justice réparatrice un pilier de la réconciliation, tout en préservant notre souveraineté dans ce processus.
Q: Quelles sont les perspectives d'avenir pour le FONAREV ?
R: Le FONAREV doit être renforcé et optimisé, c'est indéniable. Mais il représente un acquis précieux pour notre souveraineté judiciaire. Les critiques constructives sont bienvenues, mais elles ne doivent pas servir à décrédibiliser un outil essentiel de notre justice nationale.
Q: Quel message souhaitez-vous adresser aux détracteurs du fonds ?
R: La justice réparatrice est un processus complexe qui nécessite patience et persévérance. Le FONAREV, malgré ses imperfections, demeure un instrument crucial pour la reconstruction de notre tissu social. Sa réussite est intimement liée à notre capacité à gérer nos propres mécanismes de justice, sans ingérence extérieure excessive.
Q: Comment envisagez-vous l'avenir de la justice réparatrice en RDC ?
R: La consolidation du FONAREV est indissociable du renforcement de notre souveraineté judiciaire. C'est un combat de longue haleine qui nécessite l'engagement de tous les acteurs nationaux. Notre objectif est de bâtir une justice réparatrice efficace, transparente et véritablement congolaise.
Jean-Brice Mouyembe
Journaliste gabonais indépendant, couvre les enjeux politiques, économiques et diplomatiques du Gabon avec un regard critique et engagé. Ancien correspondant pour Le Temps Afrique.