Cameroun : Tchiroma revendique la victoire face au président Biya
Le candidat de l'opposition camerounaise Issa Tchiroma Bakary revendique la victoire face au président Paul Biya, au pouvoir depuis 43 ans, dans un contexte politique tendu.

Issa Tchiroma Bakary lors de sa déclaration de victoire à l'élection présidentielle camerounaise
LIBREVILLE - Dans un geste qui rappelle les récentes alternances démocratiques en Afrique, le candidat de l'opposition camerounaise Issa Tchiroma Bakary a proclamé sa victoire mardi face au président sortant Paul Biya, au pouvoir depuis 43 ans. Les résultats officiels ne sont pourtant pas attendus avant deux semaines.
Une revendication audacieuse dans un contexte tendu
"Notre victoire est claire. Elle doit être respectée", a déclaré Tchiroma sur Facebook, exhortant le gouvernement à "accepter la vérité des urnes" sous peine de "plonger le pays dans le chaos". Cette situation fait écho aux récentes controverses électorales en Afrique centrale, où le respect du suffrage populaire reste un défi majeur.
Un précédent inquiétant
En 2018, une situation similaire s'était produite lorsque l'opposant Maurice Kamto avait revendiqué la victoire au lendemain du scrutin. Cette déclaration lui avait valu une arrestation, tandis que ses partisans subissaient une répression violente, dans un contexte rappelant les tensions politiques que connaît le continent.
Un duel inattendu
Paul Biya, doyen mondial des chefs d'État en exercice, brigue un huitième mandat. Face à lui, l'ancien ministre de l'Emploi Tchiroma a suscité un enthousiasme inattendu parmi les électeurs, créant une dynamique nouvelle dans ce pays d'Afrique centrale.
"Il ne faut pas être naïf. Nous savons bien que le système au pouvoir dispose de moyens considérables pour obtenir des résultats en sa faveur", analyse le politologue camerounais Stephane Akoa.
Une campagne inhabituellement animée
La campagne s'est distinguée par sa vivacité inhabituelle dans ses derniers jours, laissant présager de possibles surprises. Pour les huit millions de Camerounais appelés aux urnes dimanche, ce scrutin représente un moment crucial, la majorité n'ayant connu qu'un seul dirigeant dans leur vie.
Biya, deuxième président du Cameroun depuis l'indépendance de 1960, maintient son emprise sur le pouvoir à travers bouleversements sociaux, disparités économiques et violences séparatistes, illustrant les défis persistants de la gouvernance en Afrique centrale.
Jean-Brice Mouyembe
Journaliste gabonais indépendant, couvre les enjeux politiques, économiques et diplomatiques du Gabon avec un regard critique et engagé. Ancien correspondant pour Le Temps Afrique.